La « Lettre du Brésil » de Thierry Bierlaire
Prêtre « Fidei Donum » dans la paroisse de São Tiago do Iguape, il évoque ici les conséquences de la pandémie au Brésil et donne des nouvelles de sa paroisse.
Dans la Vallée de l' Iguape, la pandémie de Covid-19 a provoqué une augmentation considérable du nombre de personnes en situation semblable à de l'esclavage. En d'autres termes : la pandémie a rendu les travailleurs plus vulnérables, et ce phénomène constitue la voie qui mène à la dépendance sociale et économique. D'autres facteurs sont responsables de cette situation, notamment des lois récentes qui ont rendu plus souples les relations entre employeurs et travailleurs, et plus complexe l'accès aux organismes de contrôle. Gregório fournit quelques explications: « Je suis pensionné et je possède quelques lopins de terre où je cultive des bananes, des oranges et des cacahuètes. Quand je me déplace à motocyclette, j'observe facilement ce qui se passe dans les champs de cannes à sucre. Les coupeurs sont des hommes amenés d'ailleurs, souvent peu instruits, qui vivent dans des conditions dégradantes et qui sont forcés d'exécuter des tâches épuisantes ».
Amélia, institutrice engagée dans la discrète commission paroissiale de la terre raconte : « Avec de petits téléphones portables, les habitants de la vallée nous envoient des photos qui permettent d'évaluer et de dénoncer les cas d'abus, afin que les coupeurs en esclavage soient évacués des champs de cannes à sucre. Voici leurs chaînes, qui ne sont pas matérielles: isolement dans un lieu sans communication, restriction du déplacement à cause d'une dette contractée envers l'employeur, intimidation et soumission psychologique ».
À la commission paroissiale de la terre, Sílvia prend la parole : « Le travail en esclavage est généralement commandé par une tierce entreprise, dans le cadre d'une sous-traitance, et qui agit de manière clandestine, comme c'est le cas pour la coupe des cannes et aussi pour le déboisement. Les gens vivent sous des bâches en plastique, sans protection latérale. Ils n'ont pas accès à l'eau courante. Ils sont surveillés par des gardes armés. Depuis le début de la pandémie au mois de juillet 2020, nous avons dénoncé vingt-trois cas, mais la pandémie a fragilisé grandement les organismes de contrôle. »
Âgé de 51 ans, Eduardo est originaire du village de Tororó. Au cours de son enfance et de son adolescence, comme ses frères, ses soeurs et ses camarades, Edouardo a travaillé dans les plantations et dans l'élevage. On plantait des haricots, du maïs et du manioc. On élevait du bétail pour le faire travailler, mais aussi pour manger de la viande et boire du lait. Cependant, Eduardo raconte : « Nous étions jeunes, nous travaillions pour des fermiers qui nous payaient mal et s'enrichissaient grâce à nous. En outre, l'accès aux études était limité. À l'âge de 24 ans, avec mon épouse et notre première fille, je suis parti à São Paulo, où le secteur de la construction battait son plein et où les emplois étaient ''déclarés''. Évidemment, les salaires n'étaient pas élevés mais une série d'avantages garantissaient un revenu supérieur à celui que nous pouvions obtenir à la campagne. » À São Paulo, Eduardo a pris part à la construction d'immeubles. On n'imagine pas la quantité de sueur, de sang et de larmes qui fut nécessaire aux travaux ; on n'imagine pas non plus le nombre d'hommes décédés sur les chantiers. À São Paulo, le secteur de la construction est entré en crise ; par ailleurs, comme les fermiers de la Vallée de l'Iguape, les entrepreneurs s'enrichissaient sur le dos des ouvriers. Alors, Eduardo a décidé de revenir dans son village natal, où il a eu la possibilité d'être embauché dans les projets paroissiaux d'amélioration du logement.
Eduardo donne des détails : « Quand je suis arrivé, les projets existaient déjà. Chaque matin, je prends mon chapeau de paille, ma casserole de nourriture, et j'enfourche ma bicyclette. En équipes,il s'agit de construire de nouvelles habitations et de restaurer de vieilles habitations. Généralement, les gens sont misérables et ont une santé fragile. Si leurs maisons sont trop humides ou trop exposées au soleil, ils attrapent des maladies. Nous devons rendre grâce à Dieu pour les donateurs anonymes. Sans l'intervention de la paroisse, les gens d'ici se trouveraient en situation de calamité. »
Au cours de ce premier semestre, deux faits ont marqué la vie paroissiale. D'abord, dès le mois de février, c'est-à-dire à la rentrée des classes, la réouverture des neuf écoles paroissiales présentes dans la Vallée de l'Iguape, fermées depuis le début de la pandémie. Dans tous les établissements scolaires , le masque de protection faciale a pu être abandonné. Ensuite, le second fait : la poursuite de la restauration des chapelles des villages d'Opalma et de Bela Vista. Il s'agit de la phase 2 des travaux, rendue possible grâce à un subside providentiel, octroyé par une association chrétienne. « Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton Nom, par toute la terre ! » (Ps 8,2). Les fidèles s'étaient préparés à l'effondrement de leurs chapelles. Dans la Vallée de l'Iguape, celles-ci permettent aux gens de se réunir en vue de la promotion d'un monde plus humain. Ces édifices sont de véritables lieux de référence dans la culture locale qui valorise l'Évangile. « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17,3). Les travaux sont exécutés par un professionnel qui a une petite entreprise et travaille avec trois hommes. Les rapports humains sont excellents ; les travaux sont désormais bien avancés.
Afin d'annoncer toujours mieux la Parole de Dieu, je rédige deux livres d'exégèse, en consultant les bons auteurs. Le premier livre consiste en des analyses des grands textes de l'Évangile de Jean (une quinzaine de pages par texte). Le second livre consiste en des synthèses des Évangiles du dimanche (une page par texte). J'ai le sentiment d'exploiter une mine de pierres précieuses et de découvrir de nouveaux filons.
En ce qui concerne les oeuvres sociales de la Paroisse São Tiago, décrites dans le document En bref et en images, j'ai envoyé une carte de remerciement à tous les bienfaiteurs de l'année 2021 et du début de l'année 2022. L'a.s.b.l. Ociriz réalise un important travail administratif, sans aucun frais. Elle mérite notre reconnaissance.
En 2021, je suis allé en Belgique prendre mon congé de l'année 2020, retardé à cause de la pandémie.
Le 15 septembre, je prendrai mon congé de cette année, en résidant au Séminaire de Tournai. Je vous souhaite un bel été.
À bientôt !
Pour joindre le padre :
thierry.bierlaire@hotmail.com
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40.060-100 Salvador, Bahia, Brésil
Tél. : +55 71 999 74 38 66
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Tél.: +32 71 36 03 92
• Dons sans attestation pour exonération fiscale : IBAN : BE58 0001 3680 7079 de Thierry Bierlaire,
Route de Philippeville 485, 6010 Charleroi - Communication : « Don pour la paroisse de São Tiago
do Iguape »
• Dons avec attestation pour exonération fiscale : IBAN : BE31 0000 0001 5255 d'Ociriz a.s.b.l.,
Rue des Rivaux 109, 7100 La Louvière - Communication : « Projet São Tiago Brésil »
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