


Espace muséal de Bonne-Espérance: d'une expo à l'autre
La toute première expo de l'espace muséal du Centre d'Histoire et d'Art Sacré en Hainaut (CHASHa) referme à peine ses portes que les idées foisonnent déjà autour un nouveau projet. En 2018, ce sont les textiles et leur conservation qui seront sous les feux de la rampe.
Quel plus beau décor que le site de l'abbaye de Bonne-Espérance, et plus spécialement la sacristie restaurée, pour accueillir un espace muséal dédié à l'art sacré hennuyer ? Aussitôt prêt, aussitôt utilisé : alors que les dernières finitions de ce magnifique petit musée avaient lieu fin mai 2017, sa conservatrice, Déborah Lo Mauro, déballait les caisses et installait les œuvres de l'exposition « L'art sacré se dévoile en Hainaut » pour accueillir les premiers visiteurs... le 4 juin. Autant dire qu'il a fallu une bonne dose d'optimisme et un petit grain de folie pour mener le projet à bien !
L'idée était de se baser sur une expo montée par « Les Compagnons de Bonne-Espérance » en 1973. À l'époque, une petite centaine d'objets issus de diverses fabriques dépendant de l'abbaye sous l'Ancien Régime avaient été présentés. Le comité scientifique désigné pour le choix des pièces à exposer en 2017 a retenu lui un peu moins de 40 œuvres, allant du 15e au 20e siècle.
L'extérieur de la sacristie qui abrite aujourd'hui l'espace muséal
du CHASHa a été restauré dans les années 90.
L'intérieur, lui, a dû attendre 2017...
Sensibiliser à la restauration
Pour effectuer sa sélection, le comité s'est référé à l'inventaire de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA), datant des années 70. Puis il a fallu aller sur place pour examiner chaque pièce de plus près, évaluer son état, tenir compte de sa taille. Si certains objets semblent tout droit sortis des ateliers de l'artiste qui les a conçus, d'autre ont visiblement subi les outrages du temps.
« Les fabriques d'église ont souvent peu de moyen pour conserver et restaurer les œuvres », explique Déborah Lo Mauro, conservatrice-animatrice du CHASHa. « Les moyens financiers proviennent des communes ou parfois de biens propres, mais les fabriques n'ont pas le droit de s'appauvrir pour restaurer ».
Ainsi l'huile sur toile « Reproches de saint Sébastien à Dioclétien », prêtée par l'église Sainte-Aldegonde de Feluy et datant du 17e siècle : « Ce tableau est fort endommagé mais nous avons voulu l'exposer, pour sensibiliser le public aux enjeux de la restauration », ajoute Déborah Lo Mauro. « En l'observant de près, on peut voir qu'il a été restauré à certains endroits mais que cela n'a pas tenu, les ajouts sont craquelés. Et on peut imaginer qu'il a été dépoussiéré avec un chiffon parce qu'on aperçoit de petits morceaux de tissu jaune restés accrochés à la toile ».
Vierge à l'Enfant :
un bois sculpté du 15e siècle,
la pièce la plus ancienne de l'exposition
(église Saints-Quirice-et-Julitte, Seneffe)
L'exposition peut aussi être l'occasion de parler de restauration au public et de donner des conseils préventifs aux fabriques qui prêtent des pièces
Et maintenant ?
Près d'un millier de personnes ont pu admirer jusqu'au 8 octobre ce premier échantillon de l'art sacré en Hainaut. Des visiteurs individuels, des groupes, des classes. « Nous avons eu beaucoup de monde lors des Journées du Patrimoine », se réjouit la conservatrice du Centre. « Certes ce n'étaient pas des entrées payantes, mais c'était une excellente occasion de faire découvrir ce nouvel espace muséal ».
Les vitrines seront démontées dans quelques jours, mais déjà les idées germent. Parce qu'après avoir retrouvé toute sa splendeur et s'être dévoilée aux regards, la sacristie de Bonne-Espérance ne peut rester vide bien longtemps. Au printemps prochain, ce sont les textiles religieux qui seront mis à l'honneur.
« On voudrait pouvoir démarrer cette nouvelle exposition à l'occasion de la première messe de l'année dans la Basilique de l'abbaye, le deuxième dimanche d'avril. L'expo tournera autour du textile, et les œuvres viendront de tout le diocèse. Il y aura aussi des panneaux itinérants présentés à l'entrée du musée sur les bonnes pratiques de conservation ». Car la pédagogie et l'accompagnement des fabriques dans leur mission de préservation restent toujours au cœur des objectifs de Déborah Lo Mauro. Qui déjà rêve d'un « guide des bonnes pratiques » édité à l'occasion de ce nouvel événement culturel...
Des pièces textiles
en provenance
de tout le diocèse
seront sélectionnées
pour la prochaine exposition.
La magnifique voûte restaurée
de la sacristie de Bonne-Espérance :
un écrin lumineux pour le patrimoine sacré du hainaut
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Créé parDiocese de Tournai
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