Oignies, berceau des béguinages
Avec Liège et Nivelles, Oignies a vu naître le béguinisme, bien avant les béguinages flamands. Un centre d'interprétation est à l'étude.
Les reliques de Marie d'Oignies et de Jacques de Vitry sont conservées dans l'église. Elle devrait aussi accueillir un centre d'interprétation.-ÉdA 301792680992 – B.W.
Tout le monde connaît les béguinages, un des fleurons historiques de la Belgique. Treize de ces couvents de femmes, à la fois religieuses et laïques, figurent d'ailleurs au patrimoine universel de l'Unesco, Bruges en tête. Tous se situent en Flandre ou dans le Brabant, où ils se sont multipliés dès le XIIIe siècle.
Ce que l'on sait nettement moins, c'est que les béguinages trouveraient leur origine dans le diocèse de Liège, à la fin du XIIe siècle. Dans la partie francophone du pays, donc. Les historiens s'accordent pour dire que les premières communautés de béguines sont nées à Liège, Nivelles, Huy et... Oignies, hameau de la commune d'Aiseau.
Trois noms prestigieux
S'il est associé au nom de Marie d'Oignies, ce «proto-béguinage», comme l'appellent les historiens, existait apparemment avant l'arrivée à Oignies, en 1207, de celle qui deviendra sainte. En quête d'une vie de solitude et de renoncement, elle avait quitté sa région d'origine, près de Nivelles, pour gagner une petite communauté de béguines, notamment au service du prieuré Saint-Nicolas récemment fondé.
La venue de Jacques de Vitry, brillant théologien et futur cardinal influent, séduit par la sagesse spirituelle de Marie, renforcera encore l'intérêt pour Oignies, également célèbre pour le fabuleux trésor réalisé par Hugo, un des quatre frères fondateurs du prieuré.
Un centre d'interprétation
Ce rôle majeur d'Oignies dans l'apparition des béguinages, avait capté l'intérêt du bourgmestre d'Aiseau-Presles, Jean Fersini, lors de l'exhumation des ossements de Jacques de Vitry, en 2015, à des fins scientifiques (projet Cromioss). Avec l'expertise de Rita Fenendael, professeur à l'UCL et spécialiste en la matière, et l'ASBL Chasha (Centre d'histoire et d'art sacré en Hainaut), l'idée d'un petit centre d'interprétation du proto-béguinisme s'est faite jour.
L'initiative participerait à la mise en évidence de ce quartier au riche passé auquel sont associés les noms de Marie d'Oignies, Jacques de Vitry et Hugo d'Oignies. L'église actuelle, érigée en 1909, apparaît comme le lieu incontournable pour pareil projet. Ce qui suppose une fonction polyvalente de l'église qui doit concilier son rôle initial dédié au culte à un rôle muséal moderne et interactif. Outre les deux intervenants cités plus haut et la commune, le projet impliquerait aussi, entre autres, la Fabrique d'église, l'Évêché de Tournai ainsi que l'ASBL Cacao, très actif pour valoriser le patrimoine d'Oignies.
La concrétisation du centre nécessitera inévitablement des moyens financiers. La commune pourra apporter sa contribution en réalisant les travaux d'électricité prévus, mais adaptés au projet, ainsi qu'une aide logistique. La réédition d'un ouvrage sur le prieuré devrait aussi permettre de collecter des fonds. Et surtout, la Fondation Roi Baudouin sera sollicitée. On sait en effet qu'elle soutient les projets qui rapprochent les communautés de notre pays. Un lien du projet entre les béguinages flamands et le béguinage primitif d'Oignies en serait une belle occasion.
(Source: Journal l'Avenir)
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Créé parDiocèse de Tournai