



Message du 17 mars 2020
L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les vrais adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer (Jésus parle à la Samaritaine, Evangile selon saint Jean 4,23-24)
Toutes et tous, nous sommes concernés par la pandémie du Coronavirus.
Ma première pensée va vers les victimes, les patients, les malades quel que soit leur âge, quelle que soit leur conviction. Je pense aux familles, aux proches qui passent, eux aussi, par l’épreuve.
Ma deuxième pensée va vers le monde soignant : le personnel infirmier, les médecins, les responsables des hôpitaux, le personnel des hôpitaux, les membres des laboratoires, les chercheurs, les porte-parole du personnel scientifique habilités à donner des informations, les pharmaciens. Merci pour leur engagement, leur dévouement, le risque qu’ils prennent en accompagnant des personnes atteintes par le virus.
Ma troisième pensée va vers les personnes chargées de la chose publique. Elles sont très nombreuses. Elles prennent des mesures en vue de contrecarrer la transmission du virus. Elles veillent à les mettre en application, pour accompagner, avec le plus de justice possible, les secteurs économiques qui, par la force des choses, sont empêchés de travailler. Ces mêmes personnes chargées de la chose publique veillent à protéger les multiples acteurs de l’éducation, de l’enseignement, du commerce, des loisirs, des sports, de la mobilité, de la justice, des relations internationales, etc. Nous avons à les écouter, à les soutenir et à collaborer, comme citoyens responsables, en étant nous-mêmes attentifs à changer nos habitudes pour correspondre au mieux à ce qui est demandé par les différents exécutifs de notre pays.
Ma quatrième pensée va aux membres de l’Eglise catholique en Hainaut.
Je demande avec insistance de mettre en œuvre ce que les responsables de l’Etat prennent comme décisions. Nous avons dans la Bible un enseignement clair et précis sur le respect des autorités, chargées de la chose publique : Que chacun soit soumis aux autorités supérieures, car il n’y a d’autorité qu’en dépendance de Dieu, et celles qui existent sont établies sous la dépendance de Dieu ; si bien qu’en se dressant contre l’autorité, on est contre l’ordre des choses établi par Dieu, et en prenant cette position, on attire sur soi le jugement. En effet, ceux qui dirigent ne sont pas à craindre quand on agit bien, mais quand on agit mal. Si tu ne veux pas avoir à craindre l’autorité, fais ce qui est bien, et tu recevras d’elle des éloges. Car elle est au service de Dieu pour t’inciter au bien ; mais si tu fais le mal, alors, vis dans la crainte. En effet, ce n’est pas pour rien que l’autorité détient le glaive. Car elle est au service de Dieu : en faisant justice, elle montre la colère de Dieu envers celui qui fait le mal. C’est donc une nécessité d’être soumis, non seulement pour éviter la colère, mais encore pour obéir à la conscience. C’est pour cette raison aussi que vous payez des impôts : ceux qui les perçoivent sont des ministres de Dieu quand ils s’appliquent à cette tâche. Rendez à chacun ce qui lui est dû : à celui-ci l’impôt, à un autre la taxe, à celui-ci le respect, à un autre l’honneur (Romains, 13,1-7).
Ce que nous avons comme enseignement dans la Lettre de saint Paul aux Romains, et dans d’autres textes bibliques, a été développé au cours des siècles. Le pape saint Jean XXIII le rappelle dans l’encyclique Pacem in terris (1963). Le concile Vatican II le reprend dans la constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps, Gaudium et Spes, n° 74 (1965). Le Catéchisme de l’Eglise catholique (1997) au n° 1901en fait un exposé très clair. Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Eglise en fait une excellente synthèse (2005), aux n° 377-427. Le pape François donne, sur ce sujet, une réflexion qui donne du souffle, dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium (2013), aux n° 217-237.
Jusqu’à présent, les évêques de Belgique traduisent les décisions des pouvoirs publics dans ce qui relève de leurs responsabilités. Outre le rappel de la mise en pratique des mesures prises pour contrecarrer la pandémie, les évêques suppriment toutes les assemblées liturgiques dans les lieux de culte jusqu’au 3 avril 2020 au moins. Le but n’est pas d’interdire la messe, mais bien de réduire au maximum les contacts entre les personnes, les groupes. Le lundi 16 mars 2020, les évêques ont aussi décidé de postposer les célébrations des baptêmes et des mariages. Les funérailles sont autorisées, pour le moment, tant qu’elles sont célébrées dans la plus stricte intimité. Une célébration plus solennelle pourra être proposée lorsque le risque de contamination sera réduit à presque rien. Cela entraîne qu’il n’y a plus, jusqu’à nouvel ordre, de temps de prière au crématorium. J’ai également demandé qu’on ne célèbre plus les scrutins destinés aux « appelés », aux catéchumènes.
Supprimer, interdire, est une chose nécessaire. Proposer, suggérer est tout aussi important.
Le carême est un temps liturgique destiné aux « appelés », aux catéchumènes qui ont célébré l’appel décisif le premier dimanche de carême à Lobbes, afin qu’ils se préparent à l’initiation chrétienne sacramentelle. En raison de l’évolution de la pandémie, nous verrons à quel moment cette célébration pourra être proposée. Tous, nous accompagnons les catéchumènes sur ce chemin. Comment ? Pas en organisant des réunions, des temps de prière, mais bien en priant dans la solitude en communion avec eux.
Le carême est un temps liturgique qui renouvelle en nous le don des sacrements que nous avons reçus : baptême, confirmation, eucharistie. Cela suppose une conversion, une « pénitence », une réconciliation.
La Préface n° 1 du Carême dit ceci :
Car chaque année, Père très saint, tu accordes aux chrétiens de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié ; de sorte qu’en se donnant davantage à la prière, en témoignant plus d’amour pour le prochain, fidèles aux sacrements qui les ont fait renaître, ils soient comblés de la grâce que tu réserves à tes fils.
- Se donnant davantage à la prière
Puisque nous n’avons pas la possibilité de participer à une assemblée liturgique, n’hésitons pas à nous unir aux célébrations proposées dans les médias : RTBF, KTO, etc. Lisons et méditons les lectures bibliques du dimanche et des jours de semaine, seul ou en famille. Prions aussi le chapelet en parcourant les « mystères du Christ ». Ceux qui ne parviennent pas à trouver un lieu « de silence » à la maison peuvent toujours se rendre à l’église.
- En témoignant plus d’amour pour le prochain
Respecter les mesures des pouvoirs publics est déjà un témoignage d’amour du prochain. Manifester notre solidarité avec les personnes qui passent par une épreuve de santé, avec les soignants et ceux qui les accompagnent est également un témoignage. Verser notre contribution au carême de partage d’entraide et fraternité est encore un geste fort, que nous ne pouvons pas négliger. Virement sur le site dédié à la campagne ou IBAN BE 68 0000 0000 3434.
- Fidèles aux sacrements qui les ont fait renaître
Tant que la pandémie se manifeste, il nous est impossible de participer à une liturgie de la réconciliation. Mais nous pouvons régulièrement prier les psaumes, dits « de pénitence », que nous trouvons dans la Bible, le missel, la liturgie des heures (prière du temps présent, etc.). Nous pouvons encore méditer les grands évangiles des dimanches de carême de l’année A, spécialement choisis pour les catéchumènes : la Samaritaine, l’Aveugle-né, la résurrection de Lazare.
Je ferai bientôt des suggestions pour nous aider à bien vivre notre chemin vers Pâques.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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Créé parDiocèse de Tournai