



Un peuple ardent à faire le bien !
Le temps de l'Avent nous prépare à accueillir le Christ. Durant le même temps de l'Avent, les médias nous rappellent que beaucoup de personnes, de familles vivent avec des fins de mois très difficiles. Nicolas Hulot avait parlé, au moment de sa démission comme ministre d'Etat, de fin du monde, de fin d'un monde en pensant à l'avenir de la planète terre. Les gilets jaunes parlent de fins de mois, en pensant à tout ce dont ils ont besoin à partir du 15 du mois pour vivre, survivre. Et tous, nous pensons à l'avenir des générations à venir.
En théologie, les choses de l'avenir reçoivent le nom d'eschatologie : l'étude des choses de la fin. Bien souvent, étant donné le contexte dramatique et impossible à connaître avec certitude, les choses de la fin utilisent le langage appelé « apocalyptique ».
En écoutant les divers intervenants lors des manifestations en faveur du climat, en faveur du pacte des migrations, en faveur des fins de mois, j'ai bien souvent pensé au langage apocalyptique. Il faut un sursaut de tous pour mettre fin à des comportements suicidaires ; il faut aussi une nouvelle manière de gérer l'Etat. Les gouvernants sont là au service des citoyens, et pas l'inverse.
Or, au sujet du fonctionnement des institutions dans un Etat démocratique, que de choses étranges au Royaume-Uni (le Brexit), en France (les gilets jaunes qui n'ont pas de représentants à l'assemblée nationale), en Belgique (à propos du pacte des migrations), en plusieurs Etats de l'Union Européenne (qui réclament davantage de souveraineté, dont Bruxelles ne tiendrait plus compte) !
Ceux qui publient sur le manque de confiance à l'égard des responsables politiques ; ceux qui étudient le comportement des adolescents et des jeunes adultes, qui ne se retrouvent pas dans le fonctionnement des institutions d'un Etat de droit ; ceux qui analysent les réseaux sociaux, qui racontent tout et son contraire, les fake news, se rendent bien compte que ce qui a été mis sur pied depuis la deuxième guerre mondiale ne fonctionne plus. On est, comme on dit simplement, dans un autre monde. Comment cela va-t-il évoluer ? Qui tire les ficelles ? Certains osent parler d'un complot.
Enfin, depuis que nous avons été victimes d'attentats terroristes, je relis avec une certaine crainte les livres d'histoire sur les conflits séculaires entre l'Europe et les musulmans. Des ouvrages très documentés nous informent sur les étapes d'une islamisation intégriste, salafiste, aussi bien dans les pays musulmans traditionnels que dans les pays d'Europe. Ceci ajoute encore des raisons pour mettre des barrières comme du temps de Charles Martel, ou du temps des Habsbourg dans les guerres contre les Turcs.
Tout ceci est interprété de manière différente en Europe occidentale, en Europe centrale et orientale par les chrétiens catholiques et protestants, évangéliques.
Aussi, la célébration de la Nativité du Seigneur, la naissance de Jésus à Bethléem, la venue du Prince de la Paix est-elle interprétée selon les angoisses que l'on porte, la crainte de l'avenir, les difficultés du quotidien, les idéologies qui nous traversent, et l'impact d'une religion sous ses aspects négatifs et dangereux.
Face à cette situation, dans cette situation, des personnalités évacuent le religieux, de toute façon dangereux pour tous. Et vive la sécularisation, la laïcité anti-religieuse !
D'autres disent : il faut raison garder, bien s'informer. Il faut partager, mener des groupes de réflexion, de consultation pour trouver un nouveau mode de vie comme citoyens.
D'autres encore disent : comme chrétiens, nous voulons raison garder, partager avec tous en vue du bien de tous ; et nous cherchons dans notre tradition, dans les Ecritures, la Parole de Dieu. Qu'est-ce que Dieu nous dit dans cette situation ?
Selon le calendrier liturgique, nous sommes invités ces jours-ci à contempler la Parole de Dieu faite chair dans un enfant.
L'évangéliste Jean nous le dit avec force : Le Verbe est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom (...) Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité (Jean 1,11-14).
L'évangéliste Luc nous donne le message de l'ange aux bergers de Bethléem : Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd'hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Et soudain, il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu'Il aime (Luc 2,10-14).
L'évangéliste Matthieu parle de mages qui suivent une étoile : Voici que l'étoile qu'ils avaient vue à l'orient les précédait, jusqu'à ce qu'elle vienne s'arrêter au-dessus de l'endroit où se trouvait l'enfant. Quand ils virent l'étoile, ils se réjouirent d'une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin (Matthieu 2,9-12).
L'évangéliste Marc nous dit qui est cet enfant : En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit descendre sur lui comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie (Marc 1,9-11).
La Parole de Dieu, manifestée dans le Christ, Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, éclaire notre vie, c'est évident, mais aussi la vie de toute l'humanité, y compris ces jours-ci, y compris aujourd'hui. Que dit cette Parole aujourd'hui ? Que fait le Sauveur aujourd'hui ? En quoi sommes-nous témoins de cette Parole aujourd'hui ?
Ecoutons l'apôtre Paul : Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu'il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la parole et de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s'est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C'est lui qui vous fera tenir fermement jusqu'au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur (1 Corinthiens 1,4-9).
Dans l'attente de l'avènement du Christ en gloire, l'apôtre Paul écrit à Tite : Car la grâce de Dieu s'est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l'impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s'est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Voilà comment tu dois parler, exhorter et réfuter, en toute autorité. Que personne n'ait lieu de te mépriser (Tite 2,11-15).
Vivons en ce monde comme membres d'un peuple ardent à faire le bien ! Et devenons des témoins de la Bonne Nouvelle !
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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