



Message du 15 janvier 2018
Du 18 au 25 janvier 2018, toutes les Eglises et les Communautés ecclésiales prient pour l'Unité des Chrétiens.
En 2017, nous avons tous fait mémoire de l'affichage, aux portes de l'église du château et de l'université de Wittenberg, des 95 thèses au sujet de la vertu des indulgences rédigées par Martin Luther. C'était le 31 octobre 1517. Cinq cents ans ! En Europe, ce fut le début d'un grand mouvement réformateur qui a cristallisé la recherche de vie évangélique de beaucoup d'intellectuels, de pasteurs de communautés chrétiennes et de chrétiens en recherche d'authenticité dans la foi.
Martin Luther est né le 10 novembre 1483 à Eisleben (en Thuringe) ; il est baptisé le 11 novembre et reçoit le nom du saint du jour : Martin de Tours.
De 1491 à 1497, il fréquente l'école municipale de Mansfeld, où il apprend le latin, la langue de l'enseignement.
En 1497, il entre à l'école du chapitre de la cathédrale de Mansfeld et loge chez les frères de la Vie Commune, adeptes du mouvement appelé Devotio moderna, né aux Pays-Bas.
En 1498, il entre pour trois ans à l'école paroissiale Saint-Georges à Eisenach. Il apprend à lire, écrire et parler le latin et l'allemand, ainsi que le contenu des grands textes de la foi chrétienne. Pour subsister, il mendie. Une famille l'héberge et le nourrit. Il s'agit de personnes appartenant à des familles aisées de marchands et de patriciens, dont la piété trouve son inspiration auprès des franciscains de la ville. Par l'intermédiaire de celui qui l'a recueilli, Heinrich Schalbe, Luther apprend à connaître le franciscain Johan Hilten, dont les sermons annoncent la venue « d'un autre homme » qui va s'opposer à Rome et au monachisme.
En 1501, Luther commence des études à l'université d'Erfurt, fondée en 1392. Il est classé parmi les étudiants aisés. Dans le cadre du cycle propédeutique des arts libéraux, il suit des cours de grammaire, de logique et de rhétorique. Il participe aux exercices et aux « disputes » liés à l'enseignement. Il vit comme tout étudiant de l'époque : lever à 4h du matin ; coucher à 20h, selon un horaire très réglementé. Après trois semestres, Luther est bachelier ès arts en septembre 1502. Il est 30ème sur 57 reçus.
Portant la tenue des bacheliers, il commence à donner cours. Il poursuit les études en vue de l'obtention de la maîtrise : il continue l'étude de la logique, apprend la philosophie de la nature, entre dans les textes d'Aristote (Métaphysique, Ethique à Nicomaque), étudie les mathématiques, l'astronomie et la musique. Les maîtres de Luther sont des disciples de Guillaume d'Occam (le vénérable initiateur du nominalisme) et des humanistes de ce qu'on appellera plus tard la Renaissance. Luther est maître en 1505 (2ème sur 17) et reçoit les insignes : barrette rouge et brun ainsi que l'anneau.
En 1505, il commence les cours qu'il est tenu d'assurer pendant deux ans à la faculté des arts. Durant la même période, il entreprend des études de droit.
Le 17 mai 1505, il entre au couvent des ermites augustins d'Erfurt, qui compte 50 moines. En automne, il est admis au noviciat. En automne 1506, il prononce les vœux et intègre définitivement l'ordre des ermites augustins. Le 19 septembre 1506, il est ordonné sous-diacre. On pense qu'il est ordonné diacre le 27 février 1507 et ordonné prêtre le 3 avril suivant.
A l'été 1507, Luther commence des études de théologie au Studium generale d'Erfurt, commun aux Augustins, Dominicains et Franciscains. Il suit les cours sur les Sentences de Pierre Lombard. Il lit Duns Scot et Thomas d'Aquin. Mais c'est surtout la Bible qui l'intéresse.
Tout en continuant à suivre les cours de théologie, Luther est envoyé, en 1508, à Wittenberg pour occuper le poste de lecteur de philosophie. Il donne des cours sur l'Ethique à Nicomaque.
En mars 1509, Luther acquiert le baccalauréat biblique. Il est tenu de faire une lecture cursive de quelques passages de la Bible. En automne 1509, il est bachelier sententiaire. Il fait donc cours sur les Sentences de Pierre Lombard. Ensuite, il retourne au couvent d'Erfurt où il se met à étudier divers écrits de saint Augustin (La Cité de Dieu et La Trinité).
En novembre 1510, il est envoyé avec un confrère à Rome. Il s'agit de remettre au pape une protestation de membres de sept couvents de l'Ordre des ermites augustins qui refusent qu'ils soient « réunis » à des couvents d'ermites augustins « non réformés ». La mission auprès du pape est un échec. Après le retour des émissaires à Rome, ils sont déplacés à Wittenberg.
En mai 1512, Luther participe à un chapitre de la congrégation des « observants » de son Ordre à Cologne. Il est choisi comme sous-prieur du couvent de Wittenberg et directeur des études. Le chapitre demande à Luther de préparer le doctorat en vue de devenir professeur chargé de commenter la Bible. Luther lit, à cette époque, Bonaventure et Gerson. En juin 1512, Luther rédige un sermon : Ce qu'il faut corriger dans l'Eglise.
Le 4 octobre 1512, Luther obtient la licence d'enseignement en théologie. Le 18 ou le 19 octobre 1502, il est promu docteur en théologie. Il prête le serment de prêcher et d'enseigner fidèlement l'Ecriture sainte. Il reçoit les insignes : une Bible, la barrette et l'anneau d'or. Il se soumet à l'exercice traditionnel de la dispute académique, qui est présidée par Andreas Bodenstein, dit Carlstadt.
Au printemps 1513, Luther commence son enseignement sur les Psaumes. En 1514, il est chargé de la prédication paroissiale à Wittenberg.
En 1515, il commence son cours sur l'Epître aux Romains. Le 31 mars 1515, le pape Léon X promulgue la bulle d'indulgence Sacro-sancto Salvatoris et Redemptoris nostri, qui renouvelle l'indulgence plénière de 1506, qui permet de récolter de l'argent pour la reconstruction de l'église Saint-Pierre à Rome. Durant le chapitre du 29 avril au 1er mai 1515, Luther est élu vicaire de sa province, pour un mandat de trois ans.
En 1516, il lit les prédications du mystique rhénan Jean Tauler. En plus de ses visites canoniques comme provincial, il commence en juillet une série de prédications sur les dix commandements et termine en septembre de la même année le cours sur l'Epître aux Romains. Le 27 octobre 1516, il commence le cours sur l'Epître aux Galates. En décembre 1516, il édite les chapitres VII à XXVI de la Theologia Deutch, un écrit anonyme du début du XVème siècle, proche de l'orientation de Tauler. Durant cette période (1512-1516), Luther entre en contact épistolaire avec une série d'humanistes de la Renaissance ; il lit beaucoup ; il est de plus en plus mal à l'aise avec les prédications sur le salut après la mort, la liberté de l'homme, la grâce, le péché.
En 1517, les prédications du Carême portent sur le Notre Père. Il publie le Commentaire des sept psaumes de la pénitence. En été, il commence le cours sur l'Epître aux Hébreux.
Après l'affichage des thèses du 31 octobre 1517, commence pour Martin Luther une vie toute différente, faite de disputes théologiques – ce qui est courant à l'université à l'époque – et de discussions difficiles avec les défenseurs et les opposants à la doctrine des indulgences. Cela va amener une mise en question de la manière d'enseigner de l'Eglise (prédication et théologie) et, surtout, de la vie en Eglise. Rome va intervenir. L'empereur Charles-Quint va intervenir. Les universités vont intervenir. Bref, on va assister à des changements profonds de la théologie, certes, mais surtout de la vie de l'Eglise inscrite dans la société du temps. La Réforme a commencé. Il en ira de même en France, avec Jean Calvin. Il finira par s'installer à Genève, en Suisse. Il en ira de même avec beaucoup d'autres, y compris les « évangéliques » anabaptistes, etc. Sans oublier l'influence du roi Henri VIII d'Angleterre.
Le pape Jules II convoque le concile œcuménique de Latran V (3 mai 1512), mais meurt le 21 février 1513. Le pape Léon X décide de continuer le concile, qui s'achève le 16 mars 1517. Après l'affichage des thèses à Wittenberg, il semble qu'il faille convoquer un nouveau concile œcuménique. Ce sera très difficile. Le pape Léon X promulgue la bulle Exsurge Domine (15 juin 1520), qui exige une rétractation. Devant l'attitude négative de Luther, le pape promulgue la bulle Decet Romanum Pontificem (3 janvier 1521), qui excommunie Luther. Finalement, le pape Paul III (1534-1549) convoque un concile œcuménique à Trente pour le 13 décembre 1545, qui comprendra plusieurs étapes : une à Trente (décembre 1545 à mars 1547) ; une à Bologne (mars 1547 à septembre 1549) ; une à Trente (mai 1551 à avril 1552) ; une à Trente (janvier 1562 au 4 décembre 1563). Après le décès du pape Paul III (1549), ce sont les papes Jules III (1550-1555) et Pie IV (1559-1565) qui vont faire poursuivre les travaux du Concile jusqu'à leur achèvement. Le concile de Trente, très équilibré dans l'exposé du contenu de la foi de l'Eglise et audacieux pour la mise en œuvre de grandes réformes structurelles de l'Eglise, cherchera toujours à voir dans les œuvres des réformateurs ce qui permet de réformer l'Eglise en profondeur.
Martin Luther meurt le 18 février 1546 à Eisleben. Le concile de Trente avait eu la célébration d'ouverture le 13 décembre 1545, quelques semaines auparavant.
Cinq siècles plus tard, les choses ont bien changé. Les chrétiens d'Europe occidentale ont « exporté » leurs divisions en Amérique, en Afrique, en Asie et en Australie. Grâce à des mouvements très pieux du XIXème siècle ; grâce à une meilleure connaissance des Eglises orientales, le mouvement œcuménique a mis en route énormément de « dialogues ». Finalement, l'Eglise catholique a été partie prenante de ces dialogues. Le concile Vatican II (1962-1965) y a beaucoup contribué. Nous sommes en plein dans ce mouvement. La prière pour l'unité est réellement nécessaire pour avancer, sans désespérer.
Pour nous aider, nous avons la Brochure Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance (Exode 15,6), Textes pour la semaine du 18 au 25 janvier 2018 et pour toute l'année 2018, Bruxelles, 2017. A la page 30, on indique les lieux de célébration dans le diocèse de Tournai, durant la semaine du 18 au 25 janvier 2018.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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