



Homélie
Vème dimanche dans l’année
Cathédrale
5 février 2017
Le premier discours de Jésus dans l’évangile de Matthieu est prononcé devant ses disciples sur la montagne, en Galilée. Jésus est présenté comme le nouveau Moïse, qui avait reçu les tables de l’alliance sur la montagne au désert, après le passage de la Mer Rouge.
La semaine dernière, Jésus a donné les Béatitudes. Il donne la signification profonde de la Loi, du code de l’alliance. Les disciples, qui entendent l’appel de Jésus, sont invités à mettre en pratique la volonté du Père. Pour entrer dans le royaume des Cieux, il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Aujourd’hui, la liturgie nous propose la suite des Béatitudes : Vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde.
Le sel de la terre : le sel donne de la saveur aux aliments, s’il est bien dosé. Son efficacité est cachée. On ne voit rien, mais on le goûte.
Le sel empêche également la décomposition des aliments, surtout quand il n’y a pas de frigo, de congélateur, de glace, ce qui est le cas au temps de Jésus. Dans la tradition juive, on parle de l’alliance de sel, pour dire que c’est un pacte solide, qui va durer.
Les disciples sont appelés à donner de la saveur au monde et à manifester la solidité, la durée de l’alliance avec Dieu, dans la mesure où ils mettent en pratique la Parole de Dieu, la Loi, le code de l’alliance.
Si les disciples ne mettent pas cette Parole en pratique, ils ne servent à rien, ils ne valent plus rien.
La lumière du monde.
Le prophète Isaïe parle de Jérusalem comme d’une ville-lumière qui attire à elle toutes les nations (42, 6 ; 49, 6). La tradition juive sait que c’est la Loi de Moïse qui est la lumière du monde (Sagesse 18, 4).
Dans la liturgie de ce jour, la première lecture, tirée du prophète Isaïe, parle du partage avec ceux qui ont faim, les sans abri, les personnes qui n’ont pas de vêtement. Ne te dérobe pas à ton semblable. Isaïe ajoute : Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite. Plus loin dans le texte : Si tu fais disparaître de chez toi le joug, le geste accusateur, la parole malfaisante, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi.
L’évangéliste Matthieu écrit : Que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux.
Le premier commandement de la Loi, c’est d’aimer Dieu ; le second, qui lui est semblable, c’est d’aimer son prochain. Nous retrouvons dans la formule « vous êtes la lumière du monde » une référence à l’amour du prochain.
Dans sa première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul parle de sa prédication. D’emblée, Paul dit que sa prédication est différente des discours des sages, des philosophes et autres orateurs de son temps. La prédication de Paul part du cœur du mystère de la foi qui est le Christ crucifié. Entrer dans le mystère de Dieu, par la prédication, c’est être disciple du Crucifié et c’est accueillir la puissance de l’Esprit Saint afin que ceux qui adhèrent à cette prédication par la foi se rendent compte que tout vient de Dieu. La force de la prédication ne vient pas de l’orateur ; elle ne vient pas de la richesse de la démonstration ; elle vient de la puissance de Dieu. C’est la raison pour laquelle celui qui écoute ne devient pas disciple de Paul ; mais il adhère au mystère de Dieu par la foi, sur laquelle Paul n’a aucune prise.
Dans la vie de l’Eglise, il y a moyen d’opposer le sel et la lumière. Plus loin dans l’évangile, on parle aussi de levain dans la pâte.
N’oublions pas que les disciples du Christ tiennent leur saveur du Christ lui-même et qu’ils sont signes de la solidité de l’alliance que Dieu fait avec son peuple.
N’oublions pas que la lumière, c’est le Christ, dont les disciples reflètent le mystère, en mettant en pratique la volonté du Père.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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