



Homélie
IIIème dimanche dans l’année
Cathédrale
22 janvier 2017
L’évangile de Matthieu, que nous entendons le dimanche depuis le premier dimanche de l’Avent, s’est ouvert par un prologue en deux parties.
La première partie parle de l’enfance de Jésus en six sections : la généalogie de Jésus, l’annonce de la naissance de Jésus à Joseph, l’épisode des mages, la fuite en Egypte, le massacre des enfants de Bethléem, le retour d’Egypte vers Nazareth.
La seconde partie du prologue parle de Jean le Baptiste et de Jésus en trois sections : la prédication de Jean le Baptiste comme prophète, le baptême de Jésus par Jean, les tentations de Jésus au désert.
Aujourd’hui, nous avons la conclusion du prologue et l’inauguration du ministère de Jésus.
D’abord la conclusion du prologue de l’évangile :
Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe.
L’ère ancienne se termine avec l’arrestation de Jean le Baptiste, c’est-à-dire que la période de la Loi et des Prophètes désormais terminée. On entre dans une nouvelle ère.
Alors que Jean le Baptiste s’était retiré au désert pour exercer son ministère de prophète, Jésus se retire en Galilée, une région très proche du monde païen. Matthieu veut montrer que Jésus s’adresse à une région marquée par les nations.
C’est encore en Galilée que le Ressuscité envoie ses disciples en leur disant : de toutes les nations, faites des disciples. La Galilée est la région d’où le Ressuscité monte au ciel. La Galilée est la région où Jésus va commencer à prêcher. D’emblée, toutes les nations sont concernées par Jésus.
En citant le prophète Isaïe (8, 23b-9,3), Matthieu parle de la Galilée des nations, un peuple qui habite dans les ténèbres païennes. Ces nations, qui vivent dans l’ombre de la mort, vont voir une grande lumière, qui est Jésus.
Matthieu commence ensuite le corps de l’évangile, par l’inauguration du royaume des Cieux.
Cette inauguration comprend trois sections : l’activité de Jésus, le sermon sur la montagne et le retour à l’activité de Jésus.
A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche.
Nous avons ici la première parole publique de Jésus.
Quand Jésus dit : royaume des Cieux, il parle comme les Juifs de son temps. Pour respecter le nom de Dieu, on ne le prononce pas, on utilise une formule comme les Cieux. Jésus parle donc du règne de Dieu, une réalité qui existe déjà. Les Psaumes chantent souvent le règne de Dieu. Après le passage de la Mer Rouge, le grand cantique d’action de grâce, que chantent Moïse et tous les fils d’Israël devant les merveilles de Dieu, se termine par ces mots : Que désormais le Seigneur règne sur nous toujours et à jamais (Exode 15, 18).
Jésus parle aussi du règne de Dieu, comme d’un objet d’espérance. Pour les Juifs de son temps, le règne de Dieu adviendrait grâce au Messie qui restaurerait la dynastie de David et qui soumettrait les nations hostiles au peuple élu. Pour d’autres Juifs de son temps, l’emprise du mal était tellement forte que le règne de Dieu viendrait des cieux et ouvrirait un monde différent de ce monde-ci.
Jésus reprend une autre interprétation. Le règne de Dieu suppose que les hommes l’accueillent en se convertissant. Il n’y aura pas de règne de Dieu si les hommes ne se convertissent pas à Dieu, en obéissant à sa Loi. La Loi, pour les Juifs du temps de Jésus, c’est évidemment la Loi que Dieu a donnée à Moïse, mais c’est aussi une foule de traditions qui sont venues par la suite, traditions qui précisent le contenu de la Loi, à tel point qu’on risque d’occulter le sens profond de la Loi donnée à Moïse.
Après l’évocation de la première parole publique de Jésus sur le règne de Dieu et la nécessité d’y adhérer par la conversion personnelle, Matthieu raconte l’appel des premiers disciples.
A Simon, appelé Pierre, et André, le frère de Simon, Jésus dit : Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes
Jésus appelle ensuite Jacques et Jean, le frère de Jacques.
La réponse des appelés est immédiate : aussitôt, ils le suivent, en abandonnant leur activité de pêcheurs.
Matthieu parle de disciples qui suivent Jésus.
- C’est Jésus qui appelle, et non pas des disciples qui choisissent leur maître
- Les disciples ne seront pas seulement des auditeurs de Jésus, mais des collaborateurs, des témoins du règne de Dieu, des ouvriers de la moisson de Dieu
- Les disciples sont appelés à suivre Jésus, en s’attachant à sa personne, jusqu’à porter avec lui la Croix
En annonçant qu’ils vont devenir pêcheurs d’hommes, eux qui pêchaient des poissons de la mer de Galilée, Jésus parle du rassemblement des Juifs dispersés et de la conversion des païens, selon le texte du prophète Jérémie : Je vais envoyer quantité de pêcheurs qui les pêcheront. Celui qui dit cela est le Seigneur qui a fait monter les Israélites du pays du nord et de tous les pays où il les avait dispersés (16, 14-21).
Après l’évocation de l’appel de quatre disciples, Matthieu parle de l’activité de Jésus :
Jésus parcourait toute la Galilée ;
Il enseignait dans leurs synagogues,
proclamait l’Evangile du Royaume,
guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple
Le succès de Jésus est immense. Le passage de l’évangile de ce jour s’arrête à l’activité de Jésus, sans mentionner la réaction des foules :
Sa renommée se répandit dans toute la Syrie et on lui amena tous ceux qui souffraient, atteints de maladies et de tourments de toutes sortes : possédés, épileptiques, paralysés ; et il les guérit.
De grandes foules le suivirent, venues de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et de la Transjordanie.
A partir de son activité en Galilée, Jésus atteint les régions autour de la Galilée, y compris des territoires tout à fait païens comme la Décapole et la Syrie.
C’est devant ces foules, considérables, que Jésus va faire son sermon sur la montagne, à la manière du Prophète Moïse, le grand législateur qui a reçu la Loi de Dieu, en signe de l’alliance de Dieu avec son peuple.
Sommes-nous accueillants au règne de Dieu, en nous convertissant à sa Loi, sa Parole ?
Sommes-nous des disciples que Jésus appelle pour le suivre, participer à sa mission, nous attacher à sa personne, en portant sa croix, notre croix ?
Notre témoignage est-il bien dirigé vers ceux qui ne connaissent pas le Christ ?
La désunion actuelle des disciples du Christ est un contre-témoignage, dont l’apôtre Paul parle dans la deuxième lecture de ce jour (1 Co 1, 10-13.17) :
Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Evangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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Créé parDiocèse de Tournai
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