



Homélie du Christ, Roi de l’Univers,
en la Cathédrale,
le 20 novembre 2016
Lors de l’annonciation de l’ange Gabriel à Marie, nous apprenons qu’elle est accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille de David. L’ange dit à Marie : Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. Il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.
Le fait que Dieu donnera le trône de David à Jésus est déjà une nouvelle très importante. De plus, l’ange annonce que Jésus va régner pour toujours sur la famille de Jacob, le patriarche dont les douze fils forment les douze tribus d’Israël ; il annonce également que ce règne n’aura pas de fin.
Grâce à l’ange Gabriel, nous savons que Jésus est roi, et qu’il sera roi pour toujours. Ce n’est donc pas un roi à la manière des hommes. Sa royauté dépasse le temps des hommes.
La première lecture, tirée du second livre de Samuel, parle de la demande de toutes les tribus d’Israël faite à David, qui réside à Hébron. Les tribus font allusion à Saül, de la tribu de Benjamin, que le juge Samuel avait oint comme roi. Nous savons que Saül sera écarté par Dieu. C’est David, le plus jeune des fils de Jessé de Bethléem, de la tribu de Juda, que le juge Samuel va oindre comme nouveau roi. Rapidement les tribus vont chanter les louanges de David, qui a supprimé Goliath, le géant philistin. D’où la formule des tribus qui viennent trouver David à Hébron : Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menas Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël. En réponse à la demande des tribus, David fait une alliance avec elles. Et il reçoit, de leur part, l’onction pour le faire roi.
Jésus, fils de David, est par conséquent un roi, qui est le berger d’Israël, le peuple de Dieu.
Au début de son ministère en Galilée, Jésus parle du Royaume de Dieu. Tout au long de son ministère, Jésus donnera un enseignement sur la vie dans le Royaume ; il en donnera des signes, des miracles. Il appellera des disciples à sa suite.
L’opposition venant de groupes religieux de la tradition juive sera manifeste au moment de son jugement par le tribunal suprême, le Sanhédrin. Jésus est condamné à mort et subit le supplice de la crucifixion.
L’évangile de ce jour nous fait contempler Jésus en croix, et donne les réactions des différents personnages qui regardent Jésus en croix :
- Le peuple restait là à observer
- Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Elu !
- Les soldats se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même
Au-dessus de Jésus il y avait une inscription : Celui-ci est le roi des Juifs
Un des deux malfaiteurs crucifiés en même temps que Jésus injuriait Jésus : N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !
L’autre malfaiteur fait de vifs reproches au premier malfaiteur : Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal.
Ce dernier malfaiteur s’adresse à Jésus et lui dit : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.
La réponse de Jésus : Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
Jésus ne se sauve pas lui-même du supplice de la croix ; Jésus sauve le malfaiteur qui lui demande de se souvenir de lui quand il viendra dans son Royaume.
Jusqu’au bout, Jésus manifeste la miséricorde du Père, qui a envoyé son Fils pour sauver ce qui était perdu. Jésus reprend par ce geste, ce qu’il avait dit : Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs.
Dans une synthèse éblouissante, un cantique au Christ chanté par les premières communautés chrétiennes, l’apôtre Paul s’adresse aux chrétiens de Colosses. Ce cantique reprend la grande tradition biblique sur le dessein de Dieu pour tout l’univers : il est le créateur de l’univers ; il est le sauveur de l’humanité ; il appelle toute l’humanité à partager sa gloire.
Paul écrit cela aux Colossiens, des personnes, des communautés qui ne font pas partie de la tradition juive. Ce sont des Grecs issus du polythéisme, des païens. Il écrit : Rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.
(Ce Fils) est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.
Paul décrit le Christ comme créateur.
Ensuite, Paul parle du Christ comme tête du corps, tête de l’Eglise : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Paul parle du Christ ressuscité, premier-né d’entre les morts.
Ensuite, Paul parle du Christ qui réconcilie tout l’univers : Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel.
En un sens, le Christ récapitule tout l’univers en lui : il est la tête de la création, sauvée et appelée à la gloire dans le Royaume des cieux.
La Préface de ce jour part de la contemplation de la Croix, sur laquelle Jésus s’offre comme prêtre éternel. La Préface fait allusion à la lettre aux Hébreux, qui donne un enseignement très profond sur le sacerdoce unique du Christ, le seul Grand Prêtre. La Préface part de la contemplation de la Croix, sur laquelle l’inscription dit : celui-ci est le roi des Juifs, en élargissant cette inscription à la royauté sur l’univers.
Tu as consacré Prêtre éternel et Roi de l’univers ton Fils unique, Jésus Christ, notre Seigneur, afin qu’il s’offre lui-même sur l’autel de la Croix en victime pure et pacifique, pour accomplir les mystères de notre rédemption, et qu’après avoir soumis à son pouvoir toutes les créatures, il remette aux mains de ta souveraine puissance un règne sans limite et sans fin : règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix.
La Préface fait allusion à la prédication de l’apôtre Paul aux Corinthiens au sujet de la résurrection des morts (1 Corinthiens 15, 24-27).
En ce jour de clôture de l’année sainte, le Jubilé de la Miséricorde ; dans un diocèse où la Refondation des paroisses nous rappelle que nous sommes la maison que Dieu construit, reprenons la prière d’ouverture de cette liturgie :
Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers ;
Fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
-
Créé parDiocèse de Tournai